Akhenaton La face B d’éric Mandel
Quatrième de couverture :
Faut-il encore présenter Akhenaton, auteur-compositeur-chanteur de rap français. Son groupe IAM est le groupe de rap qui a vendu le plus d’albums en France, notamment avec le très fameux « L’école du micro d’argent ». Déjà vingt ans cette année pour cette belle histoire humaine et musicale qu’est la IAM story. Mais Akhenaton est aussi producteur de plusieurs groupes de rap et réalisateur de films (Comme un aimant).
Qui est donc en réalité Akhenaton ?
Ce livre qui se lit comme un roman est un autoportrait attachant de Philippe Fragione qui fonda ce groupe mythique IAM. Qui ne connait pas « Je danse le Mia » ? Le groupe bien entendu valait mieux que ce tube. L’homme étant assez introverti et fréquentant peu les médias, il était utile d’en savoir un peu plus sur lui. C’est réussi avec ce livre où l’auteur nous révèle les contours de son enfance campagnarde, de sa vie à Marseille, ville attachante s’il en est. Puis c’est New York où il se forme très jeune, vers seize ans.
Akhenaton est né en 1968, l’année de l’assassinat de Luther King, du printemps de Prague écrasé sous les chars soviétiques, du poing levé de Tommy Smith…Naissance donc à Plan de Cuques, petit village provencal sur les hauteurs de Marseille, noyé dans les oliviers.Enfant issu de l’immigration italienne.
Dès les premières pages du livre, des textes d’Akhenaton. Sans doute le point fort de ce livre. Il y a assez peu de chanteur, toutes catégories confondues, dont les textes peuvent être imprimés pour la lecture. Souvent cela passe bien avec une musique, mais pas au-delà. De nombreux textes sont donc éparpillés au fil des chapitres. Cela commence avec « Entrer dans la légende ».
Mon avis :
L’habit ne fait pas le moine, c’est ce que je retiens principalement de cette lecture.
Akhenaton, figure emblématique du Rap français, se dévoile ici nous permettant de connaître à la fois l’artiste et l’homme. Et au-delà des apparences de gros dur que l’on attribue aux rappeurs sans les connaître il ressort une grande humanité derrière celui-ci.
Ses origines, ses inspirations, ses réussites mais également ses échecs, une grande part de lui-même nous est offerte ici faisant de Philippe Fragione une personnalité attachante et touchante.
Son histoire est très bien narrée et j’ai souvent eu l’impression d’être à côté de mon grand-père me racontant ses anecdotes délicieuses; oh bien sûr certaines sont futiles, mais lui tiennent à coeur et nous apportent beaucoup de lui-même, mais d’autres sont plus atypiques et beaucoup en rêveraient.
Cet ouvrage permet de comprendre combien ce groupe est professionnel : Le travail, la passion, la volonté d’imposer ses idées et surtout la hargne qu’il faut pour y arriver surtout dans leurs débuts où le rap était regardé du coin de l’oeil (et d’ailleurs aujourd’hui encore le rap reste en marge de la société heureusement que des artistes ont investi de l’argent pour en produire d’autres et étendre le phénomène qui est apprécié des jeunes).
Comme dans les chansons d’IAM des sujets de société sont soulevés ici comme le racisme, l’occupation, la drogue, la politique, la famille… ainsi j’encourage ceux qui ne connaissent pas IAM et Akhenaton en particulier à lire cet ouvrage.
Je me suis retrouvée quand il décrit sa famille, son enfance, son adolescence, on sent bien l’envie de se montrer proche du lecteur. C’est pourquoi à un moment je me suis dit : Quel charmeur, avec quelques mots il m’a conquise (du charisme pour un rappeur c’est le B A-Ba) même lorsqu’il nous parle de religion et de politique, c’est clair, fluide (à l’instar du livre d’Abd el malik la guerre des banlieues n’aura pas lieu que j’ai lu il y a peu.) et le plus important il n’essaye pas de nous convaincre de suivre ses idées, mais nous les expose afin que chacun puisse en tirer les conclusions qui lui conviennent. Etre concis et intéressant quand on parle de politique et de religion c’est assez rare et je le félicite.
En revanche, au début, j’avais l’impression qu’il ne présentait que la Face B soit la Face acceptable d’Akhenaton et ne décrivait jamais les mauvais côtés, mais il expose aussi les années de galère où sa vie n’était consacrée qu’à la musique et à traîner dans les rues, il nous explique sa dépression, cependant je reste persuadée qu’il reste des zones d’ombres inexpliquées ici.
J’ai tout particulièrement apprécié sa description de la « culture Hip Hop » et trouve intéressant qu’il n’aborde pas uniquement le Rap mais également tout l’univers qui l’accompagne à savoir les battles, les vêtements, les DJ …
Le titre est bien choisi puisque les faces B sont déterminantes dans la construction de leurs musiques, leur nom de groupe est astucieux et le nom de ses membres scrupuleusement choisi et expliqué.
J’ai moins aimé le fait d’incorporer les paroles des chansons au livre ce qui rend la lecture parfois longue et assez pénible.
En conclusion, je suis ravie de cette lecture qui est un petit coup de coeur pour moi alors que je n’avais à la base aucune affection particulière pour Akhenaton.
Ma note :
7/10